Un bateau drone de pointe pour protéger les cétacés de Méditerranée 01/08/2018
La mission « Sphyrna Odyssey » appareillera jeudi de Toulon (Var) pour étudier les cétacés en Méditerranée grâce à un suivi bioacoustique de pointe de ces mammifères marins par un bateau drone français (le plus grand au monde), et afin d’éviter les collisions avec les navires de commerce et les ferrys.
Deux navires, le « Sphyrna », le plus grand drone autonome de surface au monde avec 17 mètres de long et capable d’embarquer plus d’une tonne de matériel de mesures, et le trimaran électro-solaire « Solar Odyssey », ont été équipés d’hydrophones de dernière génération afin d’écouter les communications des cétacés et de les localiser dans un rayon de 15 kilomètres.
Ces deux navires se laissent dériver dans le golfe de Toulon (Var) et couplent leurs enregistrements avec ceux de la station acoustique Bombyx immergée au large de Port-Cros.
La première sortie a eu lieu le 26 juillet et un nouveau départ pour plusieurs jours de navigation des deux navires est prévu jeudi.
La position des animaux détectés est alors transmise en temps réel au Cross Méditerranée qui peut la répercuter aux navires présents dans la zone pour éviter une collision avec les grands cétacés, mais aussi à l’administration du sanctuaire Pelagos, un espace maritime de 87.000 km² situé au large des côtes française, monégasque et italienne, et abritant huit espèces de cétacés dont des cachalots.
« Il y a une à deux collisions mortelles chaque année dans la zone Pelagos prisée par les cachalots qui peuvent y trouver leurs 400 kilos de calamars quotidiens à des profondeurs de 800 à 1.000 mètres. C’est beaucoup pour une population estimée à une centaine d’individus », a déclaré à Reuters le professeur Hervé Glotin, enseignant chercheur au CNRS et à l’université de Toulon qui dirige la campagne d’écoute.
« Nous écoutons les sons et les ultrasons émis par les cétacés pour pouvoir les localiser et les suivre. Grâce à sa stabilité du drone qui a été conçu sur le modèle des pirogues polynésiennes, les enregistrements que nous recevons sont extrêmement clairs », a-t-il ajouté.
Les résultats de cette campagne d’étude devraient également permettre de mieux comprendre le système de communication et d’organisation sociale du cachalot. La qualité des instruments embarqués pour cette mission devrait permettre également d’étudier la baleine à bec, une espèce très rarement observée.
La mission « Sphyrna Odyssey » est le fruit de la coopération entre le bureau d’étude « Sea Proven« , expert en robotique marine installé en Mayenne qui a développé le drone maritime « Sphyrna », la société française LemerPax – leader mondial dans la radioprotection – et la revue Marine & Océans qui ont lancé un appel d’offre remporté par l’équipe du professeur Glotin et l’association Longitude 181 du plongeur professionnel et spécialiste des cachalots François Sarano.
« Cette mission nous permet de tester et d’améliorer le prototype du drone avant une fabrication en série de ces bateaux autonomes propulsés par un moteur électrique alimenté par les énergies solaire, hydrolienne et éolienne », a dit à Reuters, Fabien Burignot de Varenne, fondateur et président de « Sea Proven ». (Marc Leras, édité par Yves Clarisse)