
Naufrage de 2 pétroliers en Mer Noire – Décembre 2024
Naufrage en mer Noire : alerte à la marée noire
Dans la nuit du 15 décembre 2024, la mer Noire a été le théâtre d’un drame maritime d’une ampleur inquiétante. Deux pétroliers russes, le Volgoneft-212 et le Volgoneft-239, ont sombré dans le détroit de Kertch, reliant la Russie à la Crimée annexée.
Ce double naufrage, provoqué par une tempête d’une rare violence, dévoile les risques environnementaux, les erreurs humaines, et la vétusté de la flotte maritime russe. Les deux navires qui naviguaient en mer Noire transportaient une cargaison totale de près de 9000 tonnes de mazout. Alors que le Volgoneft-212 s’est partiellement englouti, le Volgoneft-239 a dérivé avant de s’échouer à proximité du port russe de Taman, à seulement 80 mètres de la côte.
Le Volgoneft-212 et le Volgoneft-239, construits dans les années 1980, illustrent l’un des problèmes structurels majeurs du secteur maritime russe : la dépendance croissante à des navires vétustes.
Conçus pour des eaux calmes et des conditions météorologiques modérées, ces pétroliers fluviaux ne sont pas équipés pour affronter les tempêtes de haute mer, fréquentes en mer Noire. Au fil des décennies, ces navires, qualifiés de « reliques flottantes », ont continué de naviguer malgré une maintenance insuffisante et un vieillissement accéléré.
Les causes exactes du naufrage font actuellement l’objet d’enquêtes par les autorités russes. Selon des premiers rapports, deux hypothèses principales émergent : une surcharge des pétroliers, dont les structures étaient inadaptées à une telle cargaison, ou une série d’erreurs humaines dans la gestion de la tempête.
La vétusté des équipements de navigation et les limites des systèmes d’urgence à bord auraient également contribué à cette tragédie.
Une catastrophe écologique qui menace l’Europe.
La fuite massive de mazout dans le détroit de Kertch représente une menace grave pour l’écosystème de la mer Noire, déjà fragilisé par des décennies de pollution industrielle et d’exploitation maritime intensive.
Le mazout, produit pétrolier extrêmement visqueux, est particulièrement difficile à contenir une fois déversé dans l’eau. Il se propage lentement mais de manière persistante, s’accumulant sur les côtes et affectant durablement la faune et la flore.
La biodiversité unique de la région, qui comprend des espèces protégées, est directement exposée à ce risque.
Outre les conséquences immédiates sur les écosystèmes marins, cette pollution pourrait avoir des effets à long terme sur les activités économiques locales.
La pêche, essentielle pour de nombreuses communautés côtières, risque de subir un coup dur. Les nappes de mazout contaminent les zones de reproduction des poissons et détruisent les habitats marins, compromettant les chaînes alimentaires de la région.
De plus, les plages du littoral russe et ukrainien, destinations touristiques prisées, pourraient rester souillées pendant des années, entraînant des pertes économiques considérables.
Les autorités russes ont réagi en ordonnant la formation d’un groupe d’intervention d’urgence pour tenter de limiter les dégâts. Cependant, les efforts de nettoyage de ce type de polluants sont coûteux et complexes, et leur efficacité est souvent limitée.
L’absence de transparence dans la gestion de l’incident suscite également des critiques, les informations sur l’ampleur réelle des déversements étant diffusées au compte-gouttes.
Un détroit stratégique en plein cœur de la guerre
Cet accident survient dans un contexte de tensions accrues entre la Russie et l’Ukraine, où le détroit de Kertch joue un rôle stratégique. Depuis le début du conflit en 2014, ce corridor maritime est devenu une voie essentielle pour le ravitaillement de la Crimée, notamment après les attaques répétées contre le pont de Kertch par l’Ukraine. La Russie a donc renforcé son usage des routes maritimes pour assurer le transport de marchandises et d’hydrocarbures.
Or, ces itinéraires alternatifs dépendent largement de navires comme les Volgoneft, souvent achetés à bas prix sur le marché secondaire. Le naufrage des deux pétroliers est un signal d’alarme sur les dangers des infrastructures maritimes obsolètes et sur l’impact dévastateur qu’un tel accident peut avoir.
Cependant, la question reste posée : combien de temps encore la Russie pourra-t-elle continuer à s’appuyer sur ces navires dépassés ?
d’après un article de Paolo Garoscio publié le 16 décembre 2024
Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s’est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l’équipe d’EconomieMatin en 2013.
Paolo Garoscio
Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s’est
tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l’équipe
d’EconomieMatin en 2013.
Naufrage en mer Noire : alerte à la marée noire
Dans la nuit du 15 décembre 2024, la mer Noire a été le théâtre d’un drame maritime d’une ampleur inquiétante. Deux pétroliers russes, le Volgoneft-212 et le Volgoneft-239, ont sombré dans le détroit de Kertch, reliant la Russie à la Crimée annexée.
Ce double naufrage, provoqué par une tempête d’une rare violence, dévoile les risques environnementaux, les erreurs humaines, et la vétusté de la flotte maritime russe. Les deux navires qui naviguaient en mer Noire transportaient une cargaison totale de près de 9000 tonnes de mazout. Alors que le Volgoneft-212 s’est partiellement englouti, le Volgoneft-239 a dérivé avant de s’échouer à proximité du port russe de Taman, à seulement 80 mètres de la côte.
Le Volgoneft-212 et le Volgoneft-239, construits dans les années 1980, illustrent l’un des problèmes structurels majeurs du secteur maritime russe : la dépendance croissante à des navires vétustes.
Conçus pour des eaux calmes et des conditions météorologiques modérées, ces pétroliers fluviaux ne sont pas équipés pour affronter les tempêtes de haute mer, fréquentes en mer Noire. Au fil des décennies, ces navires, qualifiés de « reliques flottantes », ont continué de naviguer malgré une maintenance insuffisante et un vieillissement accéléré.
Les causes exactes du naufrage font actuellement l’objet d’enquêtes par les autorités russes. Selon des premiers rapports, deux hypothèses principales émergent : une surcharge des pétroliers, dont les structures étaient inadaptées à une telle cargaison, ou une série d’erreurs humaines dans la gestion de la tempête.
La vétusté des équipements de navigation et les limites des systèmes d’urgence à bord auraient également contribué à cette tragédie.
Une catastrophe écologique qui menace l’Europe.
La fuite massive de mazout dans le détroit de Kertch représente une menace grave pour l’écosystème de la mer Noire, déjà fragilisé par des décennies de pollution industrielle et d’exploitation maritime intensive.
Le mazout, produit pétrolier extrêmement visqueux, est particulièrement difficile à contenir une fois déversé dans l’eau. Il se propage lentement mais de manière persistante, s’accumulant sur les côtes et affectant durablement la faune et la flore.
La biodiversité unique de la région, qui comprend des espèces protégées, est directement exposée à ce risque.
Outre les conséquences immédiates sur les écosystèmes marins, cette pollution pourrait avoir des effets à long terme sur les activités économiques locales.
La pêche, essentielle pour de nombreuses communautés côtières, risque de subir un coup dur. Les nappes de mazout contaminent les zones de reproduction des poissons et détruisent les habitats marins, compromettant les chaînes alimentaires de la région.
De plus, les plages du littoral russe et ukrainien, destinations touristiques prisées, pourraient rester souillées pendant des années, entraînant des pertes économiques considérables.
Les autorités russes ont réagi en ordonnant la formation d’un groupe d’intervention d’urgence pour tenter de limiter les dégâts. Cependant, les efforts de nettoyage de ce type de polluants sont coûteux et complexes, et leur efficacité est souvent limitée.
L’absence de transparence dans la gestion de l’incident suscite également des critiques, les informations sur l’ampleur réelle des déversements étant diffusées au compte-gouttes.
Un détroit stratégique en plein coeur de la guerre
Cet accident survient dans un contexte de tensions accrues entre la Russie et l’Ukraine, où le détroit de Kertch joue un rôle stratégique. Depuis le début du conflit en 2014, ce corridor maritime est devenu une voie essentielle pour le ravitaillement de la Crimée, notamment après les attaques répétées contre le pont de Kertch par l’Ukraine. La Russie a donc renforcé son usage des routes maritimes pour assurer le transport de marchandises et d’hydrocarbures.
Or, ces itinéraires alternatifs dépendent largement de navires comme les Volgoneft, souvent achetés à bas prix sur le marché secondaire. Le naufrage des deux pétroliers est un signal d’alarme sur les dangers des infrastructures maritimes obsolètes et sur l’impact dévastateur qu’un tel accident peut avoir.
Cependant, la question reste posée : combien de temps encore la Russie pourra-t-elle continuer à s’appuyer sur ces navires dépassés ?
d’après un article de Paolo Garoscio publié le 16 décembre 2024
Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s’est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l’équipe d’EconomieMatin en 2013.
Paolo Garoscio
Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s’est
tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l’équipe
d’EconomieMatin en 2013.